vendredi 27 novembre 2009
Gâteau léger aux nèfles et son coulis de chocolat aux noisettes
Les nèfles, vous connaissez ? Alors que la saison des noix, des noisettes et des châtaignes fraîches s'achève, celle des fruits blets commence à pointer le bout de son nez. Il faut dire que nous avons un automne très clément en comparaison des années précédentes où les gelées arrivaient fin octobre - tout du moins en région Centre. La nèfle, fruit du néflier (arbre de la famille des rosacées - roses, prunes, églantiers - à ne pas confondre avec la nèfle du Japon) se mange blette, c'est-à-dire après une maturation au contact du froid. Lorsque l'on presse ce fruit, il en ressort une fine pulpe de couleur rouille, peu appétisante... a priori ! Car s'il existe un fruit dont l'habit ne pas le moine, c'est bien la nèfle. Sa chair, à la saveur acide, sucrée et vineuse fait frémir nos papilles, étonnées de rencontrer ce goût si singulier. On en fait traditionnellement des compotes, des confitures, des gelées ou des boissons. Étant donné que l'on ne retrouve dans les livres et sur le net que ce type de recettes standards (délicieuses cela dit), j'ai voulu vous concocter un gâteau qui sorte des sentiers battus. Vous trouvez des nèfles au marché ou qui sait, au détour d'une balade en campagne. Économique, authentique et originale, cette pâtisserie vous fera sans nul doute apprécier ce fruit injustement oublié.
La nèfle, un fruit pourri ?
Inmangeable crue, la nèfle a besoin de blettir pour être consommable. Certaines mauvaises langues ne verront pas l'intérêt de manger un fruit pourri, mais elles se trompent. Aucune histoire louche de pourriture là-dedans ! Sa chair ramollie est le produit d'une fermentation naturelle déclenchée lors du gel. Les connaisseurs précisent que la température idéale pour activer les enzymes contenus dans la chair se situe à -5°C. La composition chimique de la chair, altérée par le froid, se modifie lentement à coeur et transforme le fruit auparavant coriace en pulpe tendre et sucrée composée de glucose et du fructose (d'excellents sucres pour notre santé). Certains amateurs disposent les nèfles encore dures sur un lit de paille en attendant le blettissement. Pour ma part, je ramasse tout simplement celles qui sont tombées au pied de l'arbre (mon "spot" est dans un jardin bien clôturé, protégé des renards > risque d'echinoccocose).
Comment la préparer ?
Fruit sauvage d'hiver par excellence, la nèfle se trouve ça et là en bordure des haies, des talus et dans les bois clairs. Elle prospère également dans les vieux jardins car autrefois les anciens avaient pour habitude d'en faire comme je le mentionnais plus haut des confitures. D'ailleurs, pour quelles raisons cette petite toupie remplie de chair goûteuse et sucrée n'est pas aussi connue que cela ? A mon avis, elle a tout simplement été boudée au fil du temps et remplacée par d'autres fruits d'hiver - pomme, poire, clémentine - dont la conservation et la dégustation sont plus aisés. La nèfle demeure effectivementun fruit fragile qu'il convient de garder au réfrigérateur une fois blet. Son mode de préparation, peut-être rebutant au départ, n'est pas si fastidieux que cela. Après avoir lavé délicatement les fruits, passez-les au moulin à légume ou mieux, écrasez-les sur un tamis avec une corne (même principe que les châtaignes cuites). Cette étape essentielle permet d'extraire la chair molle tout en mettant de côté la peau et les graines toxiques (elles contiennent de l'acide cyanhydrique).
Ce gâteau, léger et fondant par l'ajout de blancs en neige et de petits-suisses, révèle une saveur très fine, accompagnée de notes acides rappelant un peu le cidre. Le goût de la fermentation reste tout de même très discret car associé à du sucre de canne. J'ai ajouté en surface du coulis de chocolat et des noisettes torréfiées, craquantes juste ce qu'il faut, pour satisfaire ma gourmandise et souligner avec panache la classe et l'authenticité de ce délice d'automne.
Merci à Marie, jardinière et paysagiste de ma région, de m'avoir permis de prendre en photos les nèfles de son jardin.
Ingrédients pour 8 personnes
Pour le gâteau aux nèfles
4 oeufs - 120 g de sucre de canne - 250 g de pulpe de nèfles - 2 petits-suisses (100 g) - 20 g de fécule de maïs (ou d'arrow-roots) - 40 g de farine - 30 g de purée de noisette (ou 30 g d'huile de noisette, de noix ou de beurre fondu) - 1 pincée de sel - quelques gouttes de jus de citron - 15 g de beurre pour le moule
Pour le décor
100 g de chocolat à pâtisser - 100 ml de crème fluide - 40 g de noisettes entières
1. Préchauffez le four à 190°C. Cassez les oeufs, séparez les blancs des jaunes.
2. Fouettez vivement les jaunes avec 100 g de sucre de canne.
3. Ajoutez successivement la pulpe de nèfles, la fécule de maïs, la farine, les petits-Suisse puis l'huile de noisette.
4. Montez les blancs en neige bien fermes.avec le sel et le jus de citron. Commencez lentement pour les détendre, puis quand le mélange devient bien mousseux, augmentez la vitesse du batteur, ajoutez les 20 g de sucre de canne restant pour serrer les blancs.
5. Incorporez délicatement les blancs à la pâte à l'aide d'une spatule.
6. Beurrez un petit moule à gâteau (largeur 22 cm) et versez la pâte. Faites cuire 25 minutes, jusqu'à ce qu'il soit légèrement doré.
7. Laissez refroidir, puis démoulez sur un plat.
8. Faites fondre le chocolat au bain-marie. Lorsqu'il a fondu, ajoutez la crème fluide, fouettez et réservez au chaud.
9. Hachez les noisettes au couteau (ne les mixez pas). Torréfiez les noisettes concassées à feu doux dans une poêle pendant 1 minute.
10. Nappez la surface du gâteau aux nèfles de chocolat fondu et décorez avec les éclats de noisettes. Laissez refroidir avant de déguster.
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Commentaires
La merveille ! Les nèfles ! Je ne les vois plua guère depuis mon enfance - et déjà on ne les mangeait plus, on me les avait fait gouter pour que j'essaye... Il y a un dicton chez moi: "le temps et la paille / font mu^rir les nèfles et la canaille." C'est à dire : avec le temps, on découvre la vraie nature des voyous, des méchants et semblable engence. Il suffit d'attendre : comme pour les nèfles. Merci de ce beau post.
— Chiara, le 27 novembre 2009 à 20:14j'aimerais connaître ce goût si particulier!peut être qu'un jour en me baladant en forêt j'en trouverais au pied de l'arbre comme toi!ce gâteau doit être excellent!
— marie, le 27 novembre 2009 à 20:26Comme toujours, très "alléchante" la photo!! Fruit prisé de nos parents, il le fut moins par ma génération mais comme tous les fruits et légumes d'antan reviennent au goût du jour, ce fruit, grâce à ta recette, percera peut être sa saveur jusque là refoulée à la maison..MERCI Lilo de nous inciter à découvrir toujours et encore.
— NIC, le 27 novembre 2009 à 23:45ah. Je n'ai jamais goute de nefles. Dans mon enfance passee sous les tropiques, nous avions quand meme des "bibasses" ou nefles ju japon. Pas besoin de blettir leur chair delicate et sucree couleur d'abricot pale.
Mais c'est quand meme fascinant - tout au moins pour moi - que ce fruit des campagnes francaises se comporte tout a fait comme un des fruits natifs de Virginie: le persimmon americain (Diospyros virginiana). Meme la description de la couleur de la chair est semblable. Et un persimmon qui n'est pas blet est incroyablement tanique: mordez-y, et il vous semble que votre bouche acquit une fourrure epaisse - et acre.
Neanmoins, murs,c'est a dire blets, ils sont delicieux! Si j'arrive a en mettre la main dessus (ils sont aussi - malheureusement - tres apprecies des ours bruns, des ratons laveurs et des "possums" - et les arbres ne semblent pas avoir fruite beaucoup cette annee) votre recette me semble ideale - comme vous dites, en dehors des sentiers battus.
Merci bien pour ce beau billet.
— Sylvie, le 28 novembre 2009 à 22:53Mon père avait repiqué une pousse d'un néflier du bois de Vincennes, il a goûté en compote je crois bien. Personnellement, je ne me rappelle pas y avoir jamais goûté. Ici, il n'y en a pas. Juste un néflier du Japon, rien à voir donc !
— Tiuscha, le 29 novembre 2009 à 08:58J'attends de repartir à Paris, on verra s'il en a encore à nous faire goûter...
Aux nèfles ?
— le loup, le 29 novembre 2009 à 10:42Il faut que j'en parle à Miss Louve, elle adore ça, souvenirs de ses balades dans les bois avec son grand-père ...
J'adore les nèfles et j'en mangeais étant petit lorsque je me rendais dans le Jura, maintenant je suis à Marseille et je ne trouve plus de nèfle!
— Frémione, le 29 novembre 2009 à 11:26Très jolie recette! je n'ai jamais gouté de nèfle, mais ça a l'air délicieux! C'est par l'intermédiaire du blog de Mélanie "ma petite campagne" que je découvre ton blog, et j'y reviendrai! Moi j'ai commencé il y a peu mon aventure de blogueuse culinaire alors si le coeur t'en dit ...http://cestboncecile.over-blog.com/ ...Bonne lecture! Bonne nuit!
— Cécile, le 29 novembre 2009 à 23:44Je ne connais pas les nèfles mais ta recette est très tentante!!
— Léontine, le 30 novembre 2009 à 15:39bravo pour cette inventivité :)
Merci Lilo !
— véro, le 30 novembre 2009 à 21:37J'ai justement dans mon congélateur de la purée de nèfles qui attendaient ... je ne sais quoi ... que j'achète de petits suisses, demain, pour tester ta recette !
Au hasard de mes balades, j'ai trouvé un néflier sauvage, vestige d'un ancien verger abandonné, et chaque année, j'y retourne faire une petite récolte. Heureusement, personne d'autre que moi ne convoite ces fruits bizzares et inconnus.
Un jour, il faudra que j'apprenne à faire des boutures.
Bonjour Lilo,
Quel jolies photos sur ce blog !
— photographic, le 2 décembre 2009 à 14:11ce qui est extra lorsque je viens lire ton blog, c'est que j'apprends un tas de choses; j'en sors cultivée!!
— ln, le 2 décembre 2009 à 21:57Merci pour cette recette appétissante et le beau billet complet qui l'accompagne!
Si j'avais su ! Mes parents avaient un néflier dans le jardin auparavant. On n'a jamais rien fait de ses fruits... ne sachant trop comment le préparer ! Quel dommage, cette recette est bien appétissante mais mes parents on déménagé :-(
— Caro, le 3 décembre 2009 à 10:08Reste plus qu'à partir en balade pour trouver des nèfles.
Eh bien, c'est une très bonne idée que je retiens car nous ne savons jamais quoi faire des nèfles. Peut être même que je pourrais essayer d'en faire de la confiture, je n'y avais jamais pensé.
— Véro, le 3 décembre 2009 à 12:17ça me fait terriblement regretter de ne jamais avoir goûté de nèfles !
— marion, le 3 décembre 2009 à 22:01Assurément cette recette reste bien au chaud dans mes carnets en attendant d'avoir le plaisir d'en goûter :)
Mon pere adorait ramasser ces fruits dans les bois, mais je dois avouer que j'en ai oublie le gout. je vais ouvrir les yeux.
— gracianne, le 4 décembre 2009 à 15:41merci pour cette recette, j'ai planté un néflier par erreur dans mon jardin (acheté en jardinerie en Belgique) et je cherchais des recettes.
— la moune, le 4 décembre 2009 à 20:23Le néflier produit de jolies fleurs au printemps, très décoratives.
Ton blog est désormais dans mes favoris !
merci pour tous ses commentaires et cette recette , je possède un néflier depuis 3 ans et je fais de succulentes compotes et gelées mais je n'avais pas de recette de gateau .Je suis enchantée et chez moi on les appellent des " moilles " Je ne connaissais pas votre blog .je vous dit à bientôt .Elisabeth
— Elisabeth, le 4 décembre 2009 à 22:28Cette fois j'avais des nèfles ET des petits suisses, alors j'ai tenté le fameux gâteau.
— Frédérique, le 22 mai 2010 à 21:45Surprise : pour une fois le résultat était aussi joli que sur la photo :-)
Et en plus c'était bon... La saveur des nèfles est malgré tout très discrète (bien que j'en avais mis plus qu'indiqué). Le goût est dominé par le coulis chocolat-noisettes, ce qui n'est évidemment pas pour déplaire aux gourmands.
Dernière chose : je ne sais pas comment tu fais pour extraire la pulpe des nèfles crues, mais moi pas moyen. Les nèfles que je trouve au marché ont la consistance d'abricots juste mûrs, alors les passer sans les avoir fait un peu compoter, c'est sans espoir.
Bonjour,
J'ai remarqué votre article sur une revue : Le gateau aux nèfles.
J'aime particulièrement ces fruits qui ont pour moi aussi un parfum d'enfance.
Le nèflier chez mes parents a beaucoup grandi, il donne encore plusieurs kilos de fruits savoureux, pour qui les aime.
Je vais essayer votre recette, ca n'est pas si souvent que l'on parle de ce fruit original et peu attirant pour ceux qui ne connaissent pas.
Kenavo
— herve, le 22 novembre 2010 à 13:57Merci à la Biocoop de m'avoir fait découvrir votre recette! enfin je cuisine les nèfles avec le plaisir de me régaler! La saison des noix ayant été fructueuse, j'ai un peu personnalisé votre proposition... Je reviendrai découvrir d'autres idées!
— MalouineRigourd, le 27 novembre 2010 à 18:58Bonjour, bonjour...
Je voudrais avoir quelques précisions, car vous dites que la nèfle est immangeable crue... Or, moi j'adore ça, je trouve que c'est très délicatement parfumé...
Existerait-il plusieurs variétés ?
Et vous dites également que c'est un fruit d'hiver...
Mon néflier fleurit au début du printemps, mais les fruits sont bons à consommer au début de l'été...
En tout cas, votre recette a l'air savoureuse, d'après les commentaires de ma soeur qui l'a essayée...
Merci pour vos recettes et suggestions...
— Acerola, le 11 janvier 2011 à 10:33ha... j'ai dû confondre avec la nèfle du japon, donc !
Mille excuses, je n'avais pas lu jusqu'au bout...
— Acerola, le 11 janvier 2011 à 10:34Tres vieux fruit .on peut encore trouver des arbres a planter en jardinerie.pour moi merveilleux gout de l enfance
— Marie Claire Taboulot, le 16 novembre 2015 à 15:43