Entre les informations que Daniela m'a donné sur les zaeti et celles que j'ai pu glaner dans mes ouvrages et sur Internet, je vous propose de voyager quelques minutes, au delà de l'océan atlantique. L'histoire des zaeti commence en Amérique lorsque Christophe Colomb vit pour la première fois des champs de maïs à Cuba en 1492. Puis Jacques Cartier, notre célèbre explorateur français, découvrit en 1535 la ville d'Hochelaga, petite bourgade iroquoienne située à côté du Mont Royal, berceau de l'actuelle ville de Montréal. Dans ses récits, il raconte qu'elle était entourée de grands champs de maïs et c'est ainsi que l'épi doré fût nommé "blé d'Inde" par les canadiens (et c'est d'ailleurs toujours le cas). En 1556, Giovanni Battista Ramusio, homme d'Etat réputé par son appartenance au Conseil des Dix (tribunal secret de la république de Venise), aurait cherché à obtenir sa part du gâteau mais en vain.

C'est à partir de cette époque que le maïs fut introduit en Italie et plus particulièrement à Venise. La semoule de maïs, avec sa traditionnelle polenta, permit aux populations italiennes de survivre durant les périodes de disette. Les plus pauvres préparaient ces "petits jaunes" (zaeti en dialecte), avec de la farine de maïs, de la farine de blé et quelques raisins de Corinthe, les plus riches ajoutaient des oeufs et du beurre. Ces biscuits moelleux réchauffaient les coeurs et rassasiaient les ventres durant la froide période du Carnaval de Venise. Ainsi, depuis presque 500 ans, on trouve des zaeti dans les pâtisseries, bistrots de Venise et de sa région. Daniela m'a confié que la recette restait cependant peu courante dans les foyers et qu'elle avait mis un certain temps avant de la trouver.


  


La recette traditionnelle veut donc que l'on utilise des raisins secs mais étant donné que je n'en avais plus en stock, je les ai substitué à des canneberges séchées. N'est-ce pas une drôle de coïncidence d'ajouter ces baies sauvages provenant du Canada ? Sur le coup, je m'en suis un peu voulu d'avoir transgressé la recette mais a posteriori, j'y vis au contraire un superbe clin d'oeil à son histoire. Grâce à Daniela, j'ai découvert les secrets de fabrication d'un biscuit succulent, j'ai voyagé de l'Italie au Canada et j'y ai encore appris beaucoup de choses. La cuisine se partage, c'est ainsi qu'elle traverse les temps et les continents, elle n'a pas de frontières, elle rapproche les gens et je me plais à croire qu'elle restera toujours au centre de notre Histoire.


Ingrédients pour une vingtaine de zaeti
150 g de farine de blé - 150 g de farine de mais - 150 g de beurre pommade - 3 jaunes d'oeuf - 80 g de canneberges séchées ou de raisins de Corinthe ramollis dans de l'eau chaude et égouttés - 100 g de sucre - 1 petite cuillère de levure chimique - 1 pincée de sel - sucre glace
Temps de préparation : 30 min
Niveau : facile
Coût : économique

1. Préchauffez le four à 180° C. Dans une jatte, mélangez les deux farines, la levure et le sel.

2. Dans une jatte plus grande, fouettez les jaunes d'oeuf avec le sucre en utilisant une cuillère en bois.

3. Ajoutez le mélange de farine, les canneberges séchées, puis le beurre à température ambiante. Mélangez jusqu'à ce que la pâte soit homogène.

4. Sur une plaque recouverte de papier sulfurisé, disposez des petites boules de pâte de la taille d'une noix et aplatissez-les. La forme traditionnelle était apparement ovale et écrasée aux extrémités mais j'ai suivi la technique de Daniela, plus simple.

5. Faites cuire au four entre 15 et 20 minutes. Laissez refroidir et saupoudrez les zaeti de sucre glace.

N.B. : cette recette vous permet d'écouler vos jaunes d'oeufs, c'est bien pratique. Daniela me précisait qu'ils sont encore meilleurs quelques jours après, mais je ne peux pas vous le confirmer car ils ont tous été engloutis en une soirée ! Pour les personnes raisonnables, sachez qu'ils se conservent 1 mois dans une boite de fer blanc. Vous trouvez la farine de maïs dans les supermarchés bios et chez les épiciers italiens.